L’abeille possède de nombreux prédateurs naturels, outre l’être humain avec ses produits phytosanitaires ou ses mauvaises pratiques sur les ruches. Parmi eux, figure en bonne place, le frelon asiatique. L’année 2018 a vu une avancée dans la lutte contre cet hyménoptère. Deux apiculteurs ont mis au point un piège ingénieux.
Un piège à frelon asiatique a été primé au concours Lépine 2018
Comment protéger les ruches du frelon asiatique ?
Jusqu’à présent, pour lutter contre ce prédateur, les apiculteurs pouvaient agir sur trois leviers. Dans un premier temps, ils réduisent l’entrée des ruches à 5 mm. Ils peuvent aussi protéger les ruches dans des cabanes grillagées de maille 5,5 mm. Ces dispositifs empêchent l’accès du frelon asiatique à la ruche. Ensuite, ils tentent de piéger les femelles fondatrices (reines des frelons) dès leur sortie à la fin de l’hiver. L’objectif est alors d’empêcher la formation des colonies de frelons asiatiques. Malheureusement, cette méthode n’a pas démontré son efficacité. Enfin, la destruction du nid reste le moyen le plus efficace de protéger les abeilles. L’injection avec une perche télescopique d’un insecticide directement dans le nid permet de se débarrasser en une seule fois de ce danger sanitaire. Il faut ensuite s’assurer de la destruction du nid et des insectes morts afin d’éviter l’intoxication des oiseaux. Dans tous les cas, il faut s’adresser aux mairies pour connaître l’organisme local officiel de lutte contre ce fléau asiatique. Le professionnel (apiculteur ou non) doit porter une combinaison de protection spéciale contre les frelons.
Invention d’un piège à frelons asiatiques révolutionnaire
Cependant, un apiculteur français, Denis Jaffré, a inventé un piège à frelons sélectif qui semble très efficace et qui a été primé au concours Lépine en 2018. Seuls les frelons asiatiques peuvent entrer dans le piège (voir vidéo ci-dessous). Un deuxième apiculteur, Jean-Pierre Thomain a inventé un système similaire très efficace. 90 à 95 % des insectes piégés sont des frelons asiatiques. Ces pièges sont une belle avancée dans la lutte contre ce terrible prédateur. Ce sont des dispositifs préventifs, sélectifs et autonomes de régulation du frelon asiatique. Le monde apicole sera attentif aux résultats des premiers tests grandeur nature.
Les prédateurs des abeilles : le frelon asiatique et les autres
Les abeilles ont de nombreux prédateurs naturels. On trouve certains oiseaux (l’hirondelle, le pic vert, la mésange, …), des batraciens et des insectes (frelons européen et asiatique en particulier).
De même, comme pour tout organisme vivant, d’autres animaux bien plus petits sont des menaces pour elle. Il s’agit de bactéries, de champignons ou de virus. Pour ne citer que lui, le Varroa Destructor, acarien parasite de tous les stades de vie de l’abeille (adulte, larve et nymphe) fait des ravages dans les ruches. Présent en France depuis les années 80, il est un véritable cauchemar pour les apiculteurs qui sont obligés de traiter le problème s’ils veulent sauvegarder leurs colonies.
Cas du frelon asiatique
Le frelon (européen), Vespa crabro, a toujours été présent autour des ruches et fait des dégâts limités sur les colonies. Il s’attaque principalement aux abeilles en fin de vie. Par contre, son cousin asiatique, Vespa velutina nigrithorax, introduit accidentellement en 2004 dans des poteries importées d’Asie, a colonisé toutes les régions françaises en quelques années. Il exerce une grosse pression de prédation sur les ruchers. Il est devenu, après le varroa, le prédateur numéro deux. En effet, une trentaine d’individus peuvent piller le couvain d’une ruche et décimer la colonie en peu de temps (48 heures). Les abeilles n’ont pas ou peu de réflexes de défense face à ces assaillants. De plus, ces insectes non indigènes de nos régions n’ont que très peu de prédateurs. Progressivement, on assiste à l’émergence de nouveaux ennemis du frelon asiatique sur le territoire européen : beaucoup d’oiseaux (pies, guêpiers, pics, mésanges, …), des plantes carnivores,… Mais leur prédation ne suffit pas pour sauver les abeilles. La lutte contre cet hyménoptère est, de ce fait, devenue une priorité pour les apiculteurs et les pouvoirs publics. Il est dans la liste des dangers sanitaires de deuxième catégories pour l’abeille domestique Apis Mellifera sur tout le territoire français. En outre, il est classé parmi les espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union européenne. Une stratégie nationale de prévention, surveillance et lutte contre le frelon asiatique a été mise en place sous la responsabilité de la filière apicole.
Comment distinguer le frelon asiatique de son homologue européen ?
Le frelon européen ressemble à une grosse guêpe. Le frelon asiatique est plus grand, brun et noir. Son corps est sombre avec un seul segment orangé au bout de l’abdomen. Sa tête est orange avec un front noir. Ses pattes sont longues et jaunes. Son nid est aussi facilement reconnaissable (voir photo ci-contre). Souvent en pleine lumière (pas dans des endroits confinés), il est plutôt sphérique et se caractérise par la présence de petites écailles concentriques. Il peut abriter jusqu’à une centaine d’individus. Attention, il faut absolument éviter de s’approcher d’un nid de frelons asiatiques. Contrairement au frelon européen, il peut être agressif et attaque en bande. Dans le cas de personnes allergiques, une piqûre de frelon asiatique peut induire un choc anaphylactique et le pronostic vital peut être engagé.
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Article mis à jour le 19/11/19 par Sophie Fruleux.