L’Unaf a réagi le vendredi 24 mars à une étude du ministère de l’Agriculture concluant que le rôle des pesticides dans la mortalité des abeilles est en réalité très minime. Cette note, publiée l’automne dernier par la Direction générale de l’alimentation (DGAL), estime que cette mortalité élevée est le fait d’agents pathogènes et de “mauvaises pratiques apicoles”.
L’impact des pesticides sur la mortalité des abeilles ne serait que de 6%
Ainsi, la note de la DGAL n’attribue la mortalité des cas étudiés aux pesticides que dans 6,6% des cas. Les agents pathogènes, quant à eux, causeraient la mort dans 39% des cas. De même, 11% des cas seraient le fait de phénomènes de désertion de la ruche et 14% des cas de mauvaises pratiques agricoles. Autant dire que cette explication n’a que peu convaincu l’organisation, principale représentante des apiculteurs professionnels.
“Le dispositif de surveillance des mortalités massives aiguës d’abeilles mis en oeuvre au niveau national est défaillant et non fiable“, a ainsi déclaré dans un communiqué Gilles Lanio, président de l’Unaf.
“L’Unaf demande que le processus de collecte des données, leur qualité et leur exploitation soient évalués au plan national par un comité d’experts indépendants rassemblant les parties prenantes, y compris les apiculteurs au travers de leurs organisations syndicales”.
Après avoir examiné les données brutes de l’étude, l’Unaf dénonce “des biais réglementaires et statistiques (…) de nature à induire un effet de surreprésentation des causes pathologiques” et “une sous-évaluation de l’impact des résidus de pesticides“. Ils se sont également déclarés interpellés par “Des disparités dans le nombre de déclarations de mortalité d’une région à l’autre” et “des disparités régionales dans la manière de conduire les enquêtes”.
Le dispositif contestable de suivi de la mortalité des abeilles
Le ministère de l’agriculture, lui, se défend de vouloir « cacher » les effets des pesticides sur les ruchers et s’irrite que l’UNAF « ait publié sa note avant de transmettre ses questions ».
« L’article publié dans La Santé de l’abeille n’avait aucune ambition statistique, car le dispositif mis en place ne peut rendre compte de l’état sanitaire des ruchers français, dit-on rue de Varennes. Ce n’est pas nous qui avons donné une lecture statistique à ces résultats, mais le “Réseau biodiversité pour les abeilles”. »
Pour le ministère, le nom du dispositif – « réseau de surveillance des mortalités massives aiguës et des maladies classées dangers sanitaires de première catégorie des abeilles » – a également constitué une source de confusion. En effet, loin d’une surveillance des mortalités sur l’ensemble du territoire, ce dernier se base en réalité exclusivement sur les déclarations des apiculteurs. Selon le ministère, des améliorations sont prévues afin de répondre à ces interrogations.