Le 21 mars 2018, Nicolas Hulot, Ministre de la transition écologique et solidaire, a lancé à l’Assemblée Nationale, un appel pour la sauvegarde de la biodiversité. Dans le même temps, le journal Le monde a publié plusieurs articles sur ce même sujet. Voici un résumé de tout ce qu’il faut retenir.
Nicolas Hulot alerte les députés sur le déclin de la biodiversité
La terre vit une extinction massive d’espèces, la première depuis celle des dinosaures, du fait de l’activité humaine. Aussi, en mars 2018, lors d’une séance des questions au gouvernement, Nicolas Hulot a lancé un vibrant appel aux député(e)s :
“30% d’oiseaux en moins en quelques années… 80% d’insectes en moins à l’échelle européenne… […] Moi, ça ne me provoque pas de la peine ou de la colère… de la honte. De la honte de savoir que derrière la sixième extinction de la biodiversité, la responsabilité, c’est nous ! […] Donc je veux simplement avoir un sursaut d’indignation et de réaction parce que l’humanité a une communauté d’origine avec le vivant et elle a une communauté de destin avec le vivant. J’ai besoin de chacun d’entre vous.”
Au même moment, en Colombie, 750 délégués de l’IPBES (Plateforme Intergouvernementale sur la Biodiversité et les systèmes écosystémiques) étaient réunis pour tenter d’évaluer les dégâts sur la faune, la flore et les sols et préconiser des solutions pour enrayer la tendance. Ils se sont basés sur 3 années de travail de 600 chercheurs bénévoles ayant compilé plus de 10 000 publications scientifiques. Ces évènements montrent qu’il y a un prise de conscience de l’état d’urgence dans lequel nous nous trouvons et de l’importance d’agir vite. La publication d’un grand nombre d’études scientifiques qui dressent toutes le même constat favorise cette prise de conscience.
Des études récentes démontrant l’accélération du déclin de la biodiversité
En octobre 2017, une étude internationale est publiée dans la revue PLOS One et donne les résultats des captures d’insectes volants réalisés en Allemagne depuis 1989. Le constat est très alarmant. Il semble que près de 80% de la biomasse ait disparu en moins de 30 ans. La situation en France a de grandes chances d’être identique du fait de la similitude des écosystèmes et des modèles agricoles avec l’Allemagne. Le déclin des abeilles domestiques (médiatisé par les apiculteurs) ne serait alors que la partie émergée de l’iceberg. De même, une étude datant de mars 2018 du CNRS et du Muséum d’Histoire Naturelle a montré une diminution de 30% des oiseaux des campagnes françaises en 15 ans. En outre, le rythme des disparitions semble s’être accéléré depuis 2 ans, en corrélation avec la disparition des insectes. Les scientifiques alertent sur la mauvaise santé de l’ensemble de la chaîne alimentaire, de la microfaune des sols, des plantes et des insectes, à la base, jusqu’aux grands mammifères dont nous faisons partie… Nous assistons sans réagir à l’effondrement des écosystèmes de notre terre !
Le rôle des néonicotinoïdes dans le déclin de la biodiversité
Les études sur les insectes allemands et les oiseaux français, pour ne citer qu’elles, mènent aux mêmes conclusions. L’intensification des pratiques agricoles et, plus particulièrement, l’utilisation continue depuis une vingtaine d’années des pesticides néonicotinoïdes ont participé à l’effondrement de ces populations. Ces pesticides ont en premier lieu une toxicité létale en cas de contact direct chez les insectes. En outre, ils persistent dans les sols puis dans les cultures “nouvelles” et les plantes sauvages en bord de champs. Cela induit chez les insectes butineurs des effets non létaux mais responsables de l’effondrement des populations (perturbation de la navigation, baisse de la fertilité et affaiblissement du système immunitaire). Ce dernier, corrélée avec la raréfaction de certaines plantes sauvages et la disparition de zones d’habitat explique le déclin des oiseaux. Très récemment (février 2018), un rapport de la EFSA confirment ses résultats sur les populations d’abeilles domestiques. Ainsi, le 22 mars 2018, les états de l’UE se sont réunis pour discuter d’une interdiction totale des “néonics”.
Il existe des solutions alternatives aux “néonics”
Cette interdiction doit bien sûr être accompagnée par le développement de solutions alternatives. Déjà, de plus en plus de producteurs conventionnels arrivent à fonctionner sans les pesticides néonicotinoïdes. De leur côté, les producteurs “bio” parviennent à un rendement de 80% par rapport aux méthodes traditionnelles. Mais il existe d’autres leviers sur lesquels nous devons agir :
- la diminution du gaspillage alimentaire (35% à l’heure actuelle) ;
- la diminution de la consommation de viande rouge ;
- le développement de l’agroforesterie et de la permaculture (excellents rendements) ;
- l’abandon des monocultures sur de grandes surfaces.
Cette crise est un problème de modèle agricole. Les changements, essentiels à notre survie à long terme, sont à mener avec les agriculteurs.
Pour en savoir plus :
- Articles Miel-Direct sur les pesticides néonicotinoïdes.
- Article Le monde “En 30 ans, près de 80% des insectes auraient disparu en Europe”. (18 octobre 2017)
- Article Le monde “Les oiseaux disparaissent des campagnes françaises à une vitesse vertigineuse”. (19 mars 2018)
- Article Le monde “Il est temps d’arrêter le grand manège des pesticides”. (21 mars 2018)
Article mis à jour le 28/01/20 par Sophie Fruleux.